CHAPITRE II

L’éducation reçue et transmise


J’ai grandi dans les cadres : cadres de portes, cadres de règles, cadres de photos où personne ne sourit vraiment. Les mots “comme il faut” pesaient plus lourd que les silences. On apprenait à se taire avant de savoir dire. On remerciait avant d’avoir compris pourquoi.
Écho L’obéissance trop tôt apprise est une langue étrangère qu’on parle longtemps sans accent.
Terrienne On m’a transmis la peur du désordre comme un héritage précieux. Il fallait tenir droite la nappe et la colonne vertébrale. Mais dans ma tête, les pensées grimpaient aux rideaux.
Écho Les pensées indociles sont souvent les premières graines de liberté.
Terrienne Plus tard, j’ai voulu rompre le fil, rejeter les formules, les bénédictions usées, ne garder que la sève. Mais la sève venait d’eux. Et c’est ce jour-là que j’ai compris : on ne se libère pas de ses racines, on apprend à y puiser autrement.
Écho La graine n’imite pas l’arbre : elle pousse à sa manière, mais jamais sans mémoire de la terre qui l’a portée.
Terrienne Alors j’ai cessé de juger. J’ai reconnu en moi la mère qui grondait, le père qui doutait, l’enfant qui n’osait pas. Et j’ai dit merci. Pas par soumission, mais parce que la paix a la voix du pardon.
Écho Transmettre, ce n’est pas répéter. C’est offrir la clé en espérant que l’autre ouvre autrement.
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